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Ukemi ou l'outil de transmission du savoir

Ukemi - littéralement venant du verbe « ukeru - » qui signifie « recevoir » et de « mi - », « le corps » (idéogrammes présent dans le mot « irimi »).

Le terme « ukemi » présent dans le judo ainsi que dans la majorité des disciplines martiales japonaises est vulgairement traduit dans notre français limitatif par « chute ».

La chute possède plusieurs sens dans notre dictionnaire :

- tomber, de tomber plus bas
- s'effondrer
- synonyme de disgrâce, échec, faillite, déchéance

Ce qui ne représente en aucun cas la traduction véritable des idéogrammes constituant le mot « ukemi »

En aïkido, les gens ne comprennent souvent pas pourquoi le professeur désigne le ukemi par une esquive, un moyen de contourner la technique, ou bien tout simplement comme un moyen de préserver son intégrité. Dans la mentalité occidentale, la chute représente la défaite, la soumission.

Pourtant, dans notre discipline, la véritable transcription du mot "ukemi" prend tout son sens. En effet, la technique si elle est effective amène à une chute, mais l'origine ne se situe pas là. Le rôle de l'attaquant (uke en japonais) est de nous faire sentir nos propres défauts, nos tensions, nos blocages. Le "uke" est celui qui reçoit la technique mais par extension reçoit l'enseignement.

En effet, il est de coutume que celui qui assume le rôle de uke est plus gradé que celui qui fait la technique. Cela est normal. Le uke reçoit la technique, ressent les défauts de l'autre et est plus à même de corriger ce qui peut l'être.

Mais, un pratiquant qui saisit un expert ou un maître ressent également la pratique de ce dernier, ce qui est une chance, car en effet un uke qui reçoit la technique et qui fait "ukemi" reçoit avec le corps l'enseignement du maître. Le sens du "ukemi" se situe là. "Recevoir l'enseignement par le corps" tel est le rôle du "ukemi". La personne qui chute ressent les tensions, le relâchement, la direction du travail, du mouvement, l'absorption et peut par la suite après avoir assimilé cela, transmettre en tant qu'élève à d'autres élèves les sensations ressenties et comprises afin de faire progresser les autres.

Être un bon uke ne signifie pas savoir chuter convenablement, mais pouvoir ressentir chaque détail de la technique du professeur et en comprendre les subtilités afin de pouvoir transmettre la pratique aux autres. En devenant le uke d'un élève moins expérimenté, on peut le diriger vers la sensation adéquate. C'est pour cela que le travail du uke ne doit pas se cantonner à un travail de soumission et de chute, mais bien au même titre que "tori" (celui qui fait la technique) être présent et sensible à la recherche du geste juste. "Ukemi" et "uke" sont donc comme pour omote et ura, les deux faces de la même pièce et sont donc intrinsèquement liés à la progression en tant qu'outils pour accéder à d'autres paliers de connaissance martiale.

Tag(s) : #Découvertes-Reflexions
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